Les coups violents que subissent les joueurs de football amènent souvent leur lot de blessures, dont les commotions cérébrales. Afin de mieux détecter ces dernières, le Vert et Or de Sherbrooke a muni une trentaine de ses joueurs de football de casque à senseurs.
Mathieu Turgeon
Ces capteurs de chocs sont insérés sous la couche de tampons à l’intérieur du casque. Ils ne nuisent donc pas aux performances des athlètes. Mario Mercier, le thérapeute de l’équipe, apporte toutefois une nuance : « Il ne s’agit pas d’un dispositif de détection des commotions cérébrales, mais plutôt d’un outil permettant d’aider le personnel médical à suivre de près les étudiants-athlètes exposés à des chocs fréquents ».
Les senseurs envoient des informations à une tablette électronique située sur les lignes de côtés. Une trentaine de joueurs en sont équipés. « Ces athlètes figurent parmi les partants de l’équipe et évoluent à des positions comportant un risque plus élevé d’impacts à la tête », explique Mario Mercier. Les casques sont utilisés autant lors des matchs que des pratiques depuis le 15 août dernier.
« Les joueurs sont contents et savent que le processus de gestion de chocs à la tête, qui était déjà très rigoureux, est maintenant objectivé par ce dispositif, affirme le thérapeute. Peu importe ce qu’ils ressentiront après un coup, les données ne mentiront pas ».
Le Rouge et Or aime l’idée, mais…
Même si l’équipe de l’Université Laval n’utilise pas ce genre de technologie, une très grande attention est tout de même accordée aux commotions cérébrales. « Notre protocole de prévention respecte les standards internationaux », affirme Gilles Courchesne, le coordonnateur médical du programme du Rouge et Or.
Durant un match ou un entraînement, si un joueur présente des signes de commotion, le retrait est automatique et une évaluation de l’athlète est faite. Si le diagnostic est positif, on arrête tout ! Repos complet ! L’étudiant doit stopper autant l’école que le sport. Le retour à l’action ne se fera qu’après un retour satisfaisant du joueur en classe.
« Nous préférons investir dans l’information et dans le protocole plutôt que dans la technologie, ajoute le coordonnateur médical. Un entraîneur ou un spécialiste médical peut détecter une commotion. Pas besoin de gadget ! Tout est dans la prise en charge. »
Il semble tout de même que l’équipe médicale du Rouge et Or mettra à l’épreuve les senseurs lors du prochain camp hivernal du club de football.
Une technologie à l’efficacité non prouvée
Selon le docteur Pierre Frémont, professeur agrégé au Département de réadaptation de la Faculté de médecine de l’Université Laval et spécialiste des commotions cérébrales, la technologie employée par l’Université de Sherbrooke n’est pas aussi avancée que celle utilisée en recherche. « C’est illusoire d’espérer qu’un signal fiable permette de détecter les commotions cérébrales sur la base d’un enregistrement de forces ». Il espère toutefois que la technologie sera utilisée pour étudier la performance des capteurs et non « pour se donner bonne conscience. »
Le système employé par Sherbrooke produit des signaux de trois catégories distinctes : faibles forces, forces moyennes et forces élevées. Pierre Frémont doute que les physiothérapeutes accordent une importance suffisante aux signaux de la catégorie la plus faible. « Des commotions arrivent dans cette gamme de force là. Avec des coups plus violents, il y a plus de chances qu’il y ait commotion, mais il y en a plein qui arrivent sur un très large spectre de forces. » Il peut y avoir des symptômes avec des impacts « de catégorie 1 », surtout chez des joueurs qui n’en sont pas à leur première commotion.
Pour éliminer ce genre de coup à la tête, la réglementation doit être resserrée. Ce qui est bien, aux dires de Pierre Frémont, c’est qu’on identifie mieux les commotions qu’avant. En effet, le taux de détection aurait triplé, voire quintuplé, dans les dernières années.
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