lundi 3 février 2014

Reportage: Les étudiants du Rouge et Or

Le logo du Rouge et Or de l'Université Laval
Crédit photo: Mathieu Turgeon
Mathieu Turgeon

Né au début des années 80, le programme sportif du Rouge et Or comporte environ 400 athlètes répartis dans 24 équipes chaque année. De l’athlétisme au football en passant par le ski, le golf et bien d’autres. La principale particularité de ses sportifs : ils sont tous des étudiants à l’Université.

Avec le slogan « La conquête de l’excellence », les étudiants-athlètes de l’Université Laval sont amenés à dominer sur la scène sportive autant que sur les bancs d’école. En plus, tous sont amenés à être des ambassadeurs pour l’établissement et pour le Rouge et Or. Un code d’éthique est d’ailleurs en vigueur pour tous, entraîneurs et sportifs.

L’étudiant-athlète doit répondre à trois critères majeurs pour faire partie d’un des équipes de l’Université Laval : être inscrit à au moins 12 crédits lors d’une session scolaire (le Sport interuniversitaire canadien n’en exige que neuf), avoir réussi au moins 18 crédits lors de l’année précédente et bien entendu, payer ses frais de scolarité.  Des bourses sportives sont disponibles pour des étudiants ayant entre autres réussi 24 crédits lors de la dernière année et ayant une moyenne académique d’au moins 2/4,3.


Plusieurs personnes vivent ou ont vécu la réalité d’étudiant-athlète de près ou de loin.

La face cachée de la réussite

Pour s’assurer de la réussite de tous ses étudiants et étudiantes-athlètes, l’Université Laval a désigné Gilles Lépine comme Directeur du programme d'excellence Rouge et Or en septembre 2004.

Le Directeur du programme d’excellence
Courtoisie photo : Gilles Lépine
À l’emploi de l’Université depuis bientôt 10 ans, la principale tâche de M. Lépine est de s’assurer du bon fonctionnement des 13 (bientôt 14) corporations. Les corporations sont les divers sports pratiqués par les élèves du campus : «Les sports ont dû faire une corporation qui aide à ramasser des fonds et assurer l’administration [chaque corporation ayant son propre conseil d’administration].»

La clé du succès

Pour Gilles Lépine, ce qui explique les performances incroyables du Rouge et Or, tout sport confondu, vient de ces corporations : «Grâce à ça, on est capable d’engager des entraîneurs de qualité. En 2003, l’Université Laval a opté pour la professionnalisation des coachs», a-t-il expliqué. Il a aussi ajouté que les fonds sont utilisés pour les déplacements lors des compétitions et dans un programme de bourses pour aider les étudiants-athlètes.

Au niveau académique, la bonne réussite passe par un suivi rigoureux. Il y a un comité d’athlète comprenant un représentant de chaque équipe en plus de programmes pour les athlètes qui désirent recevoir de l’aide. Un suivi avec les élèves est fait au besoin.

La perspective d’un ancien

Pour Mathieu Bertrand, quart-arrière pour le Rouge et Or football de 1999 à 2003 puis centre-arrière pour les Eskimos d’Edmonton, il faut avoir beaucoup de discipline pour réussir et le Rouge et Or s’en assure par son encadrement adapté pour les étudiants.

Depuis la saison 2013, Mathieu Bertrand 
est assistant-entraîneur des unités spéciales
Crédit photo : Mathieu Turgeon
Pour le nouvel assistant-entraîneur des unités spéciales et des centres-arrières, le choix n’avait pas été difficile lorsque Glen Constantin était venu le recruter : « C’était un choix logique. Je voyais le sérieux de l’organisation et je voulais être dans la première équipe francophone à remporter un championnat canadien [ce qu’il a fait en 1999]. »

Selon lui, les étudiants sont avertis d’emblée : « C’est d’abord les études. L’école c’est vraiment important. » On lui avait dit cela à son époque et ça ne semble pas avoir changé.

Les professeurs aident aussi beaucoup dans le cheminement des étudiants-athlètes. Mathieu Bertrand dresse un bilan positif de sa relation avec ses enseignants : « Les professeurs sont conciliants et conscients des déplacements ». Il conseille aux futurs membres du Rouge et Or de s’assurer d’un bon travail de communication avec les « coachs et les profs » et de ne rien laisser traîner. Il ajoute qu’avoir été un étudiant-athlètes et très bon avec les employeurs et que ça a facilité son parcours chez les pros.

Les deux côtés de la médaille

Bill McNeil
Crédit photo : Yan Doublet
Le coin du « coach » : Bill McNeil
Entraîneur de l’équipe féminine de rugby du Rouge et Or depuis 2005, Bill McNeil affirme que les performances académiques sont souvent discutées avec les athlètes, mais qu’il n’y a pas vraiment de suivi direct avec les professeurs : « C’est un peu mal vu. » Selon lui, ceux-ci n’ont toutefois pas de problème à déplacer des remises de travaux ou à faire un examen sur la route qui serait supervisé par un entraîneur.

Le coin de la « prof » : Simone Lemieux
Simone Lemieux
Crédit photo : Marc Robitaille
Selon la professeure en sciences des aliments et de nutrition, l’encadrement pour les étudiants-athlètes est adéquat et il y a toujours le moyen de s’arranger en cas de conflit d’horaire: « Dans les règlements de l'Université Laval, il est indiqué que la participation à des compétitions par des athlètes du Rouge et Or est un motif acceptable pour justifier l'absence à un examen. » Elle ajoute ne pas vraiment avoir à modifier son programme pour les étudiants-athlètes de ses cours.

Pour cette ancienne étudiante-athlète, le sport ne nuit pas aux performances académiques : « J'ai moi-même été une athlète du Rouge et Or en athlétisme et j'ai fait mon Bac, ma maîtrise et mon doctorat en m'entraînant de façon intense et sérieuse. Ces athlètes sont bien organisés et moins stressés par rapport aux examens et échéanciers. »

Portrait : Stéphanie Desharnais-Dion

Étudiante au baccalauréat en nutrition, Stéphanie Desharnais-Dion en est à sa quatrième année universitaire avec le Rouge et Or Athlétisme. Elle explique qu’il faut être organisé pour bien réussir.

Stéphanie Desharnais-Dion
lors d’un triple saut
Courtoisie photo : Julie Desharnais
Dans son domaine de compétition, il y a environ sept ou huit compétitions par année en plus des entraînements. Il ne faut donc pas rien remettre à plus tard : « Ce n’est pas toujours facile d’être organisé, mais on a plus de choses à faire quand on reporte. » Pour les filles de son équipe, la vie sociale est l’aspect qui semble le plus souffrir de la conciliation sport/étude.

Le premier secret pour réussir, selon la spécialiste du triple saut (discipline s’apparentant au saut en longueur), « c’est de dormir et de bien manger. » Elle ajoute que pour arriver à jumeler sport et école, il faut les considérer comme distincts.

Selon Stéphanie, les professeurs sont coopératifs pour aider les athlètes: « On est privilégiés pour les choix des stages, on nous donne les plus proches [de l’école]. » Elle insiste que les cours sont prioritaires aux entraînements. Elle précise que dans son cas, certains cours sont plus flexibles et adaptables en ligne.

Les entraînements sont aussi adaptés à cette réalité. D’abord, les entraîneurs d’athlétisme sont assez flexibles quant aux heures des séances, « tant qu’ils sont avertis d’avance ». Ayant lieu le soir, les entraînements n’entrent pas vraiment en conflit avec les stages et les cours qui sont surtout de 8 h à 16 h.

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